La Data et les Objets Connectés au service de la sécurité des populations
Les nouvelles technologies doivent prendre toute leur place dans la sécurité des populations, à 3 moments clés :
- AVANT : Mieux prédire les crimes et les attentats avant qu’ils ne se produisent est possible.
- PENDANT : Mieux réagir au moment d’un attentat, sur le lieu de l’attaque.
- APRES : Mieux retrouver les coupables, accélérer les enquêtes et les arrestations.
Les algorithmes basées sur le couple « Big Data + Objets Connectés » seront les plus efficaces, mais nécessitent l’installation de capteurs connectés dans nos villes.
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Les technologies pour prévenir les crimes avant qu’ils ne se produisent
Dans le film « Minority Report » (2002), les crimes étaient « prévenus » et empêchés avant même d’avoir été commis, avec l’aide de la technologie.
Aux Etats-Unis, Palantir et Forensic Logic, deux sociétés californiennes, réalisent des prédictions de crimes terroristes à partir de données disponibles sur l’ensemble des actions terroristes passées.
Aux Etats-Unis, le Future Crimes Institute regroupe des experts techniques de la sécurité afin d’aider les forces de police à comprendre les risques et imaginer de telles solutions.
Le Département de Criminalité de l’Université de Pennsylvanie (USA) a également développé son propre algorithme pour prédire les prochaines victimes d’homicides à partir d’une grande variété de données.
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La plateforme de Big Data Kaggle permettait récemment aux meilleurs informaticiens de la planète d’analyser un ensemble de données de sécurité de la ville de San Francisco afin de mettre au point ce type d’algorithme prédictif.
Les crimes non prémédités (comme les crimes passionnels) passeront à travers les mailles des algorithmes, mais d’après Goodman, un ancien officiel de police et conseiller à Interpol, « l’analyse Big Data permet depuis plusieurs années de prédire de nombreux crimes prémédités tels que des vols de voitures et les crimes de rue, les vols ou les homicides ».
Ainsi, lorsqu’un « numéro sort » dans la série TV « Person of Interest » (ou d’un algorithme informatique), la police devra décider comme utiliser cette information. Faut-il demander à un juge d’ordonner une surveillance renforcée d’une personne qui n’est désignée « que » par un algorithme ? En l’absence de preuves, la police devra trouver comment utiliser de manière juste ces informations statistiques sans enfreindre les droits des honnêtes citoyens.
Les données ne montrent pas toujours l’ensemble de la situation et les algorithmes décident en fonction de leur paramétrage du moment…
L’éclairage des rues est l’une des bonnes armes de prévention. Plus une rue est éclairée, plus elle est sécurisée. Faut-il que des drones éclairent des zones sensibles à certaines heures (à la manière d’un lampadaire baladeur), selon les données d’une analyse Big Data des risques de crime ?
Repérer / Ne pas se faire repérer
Des retraits d’argent suspects sur des distributeurs de billets équipés de caméras ont parfois permis de repérer des candidats-terroristes, qui ont besoin de recevoir ou transférer de l’argent de (ou à) l’étranger peu de temps avant chaque attentat.
Mais désormais, la technologie permet de se cacher efficacement :
- Le réseau « Tor » permet d’acheter des armes de manière anonyme.
- Le Bitcoin est une parade efficace pour rester anonyme dans des échanges d’argent, même si Coulibaly avait pris un crédit chez Cofidis pour financer son attaque.
- Le jeu vidéo « Call of Duty » permet d’écrire en clair des messages instantanés d’un joueur à un autre sans avoir à ce cacher : « Je cherche à acheter une kalachnikov et de gilets explosifs ». En effet, qui viendrait soupçonner que les deux « joueurs » parlent d’armes au sens littéral ?
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Les technologies pour minimiser les crimes pendant qu’ils se produisent
Les rues des grandes villes du monde entier vont probablement voir apparaître encore plus de caméras de vidéosurveillance (incluant des caméras thermiques ou de vision nocturne), tant elles permettent d’accélérer les enquêtes policières. Selon le niveau d’insécurité, ces dispositifs seront de mieux en mieux acceptées (voir réclamés) par les populations. Les caméras de la société américaine FLIR sont actuellement parmi les plus performantes actuellement.
Le respect des libertés individuelles
Cependant, les technologies doivent permettre de sécuriser les lieux publics sans aliéner les libertés individuelles.
Les portiques de sécurité
Il n’est – par exemple – envisageable de placer des portiques de sécurité à l’entrée de tous les lieux publics qu’à condition que les gens soient informés (comme ils le sont dans le respect des règles d’affichage fixées par la CNIL) mais il faut encore que le passage se fasse « sans s’en rendre compte ni ralentir » afin de ne pas rappeler à chacun que le monde est moins sûr qu’avant. Il faut que ces contrôles soient « invisibles et fluides ».
Les acteurs historiques de la sécurité tels que Morpho Détection ont un rôle à jouer. Pourquoi n’existe-t-il pas encore une porte tambour incluant un détecteur (de métaux ou d’explosifs) ? Ce type de solution de détection « d’aspect naturel » gommerait l’aspect anxiogène pour les populations.
L’analyse des images de vidéosurveillance peuvent être observées par des algorithmes, par des employés ou par… la population. Pourquoi ne pas diffuser de manière anonyme des images de caméras de vidéosurveillance sur internet en changeant régulièrement de caméra pour permettre à chacun de surveiller sa propre ville, son pays ou sa planète de manière collaborative sur le principe « Tu surveilles mes rues, je surveille les tiennes ».
Cette hypothèse avait déjà été lancée pour les images de scans de bagages d’aéroports, mais avait été bloquée par l’opinion publique en son temps. Les contrôles de bagages n’ont pas encore pu profiter de l’essor de l’économie collaborative, au dépend de la sécurité. Les français sont-ils prêts à accepter le principe du « crowd-watching » d’images de vidéosurveillance ? Rien ne sert de crier à « Big Brother » puisqu’on redonne aux citoyens le contrôle des images de la vie dans les rues (donc des images déjà publiques par définition).
La détection sonore
Des capteurs d’intensité sonore peuvent permettre la reconnaissance automatique de bruits particuliers tels que des tirs de mitraillettes, qui entraîneraient une alerte automatique des secours. Plus besoin qu’un humain prenne le risque de lancer l’alerte en face d’une mitraillette !
La détection d’explosifs
Peut-on remplacer les chiens détecteurs d’explosifs par des Objets Connectés – un dispositif invisible et non-intrusif – d’analyse de la qualité de l’air dans les lieux publics ?
La détection des empreintes digitales
Nous sommes tous équipés de Smartphones, dont certains modèles permettent de relever des empreintes digitales. Les empreintes digitales ont déjà été piratées et falsifiées. Ce n’est donc pas la solution idéale.
Les drones
Lors de l’assaut du RAID à Saint-Denis le 18 novembre 2015, les policiers ont utilisé un drone pour regarder à travers les vitres et les Velux.
Avec les nouvelles technologies, un assaut de la Police doit pouvoir être précédé par un envol de drones, éventuellement équipés selon le but de la mission :
- de caméras permettant de prendre en photo les agresseurs en vue d’une reconnaissance faciale accélérée,
- d’armes embarquées sur le drone, pour stopper les criminels, tel que des drones lanceurs de gaz lacrymogène pour immobiliser l’agresseur,
- de drones d’éblouissement ou sonores, afin d’immobiliser l’assaillant, sans faire de dommages collatéraux,
- de drones-ambulances testés au Pays-Bas pour apporter les premiers secours permettraient également de gagner du temps pour secourir un plus grand nombre de victime, en s’appuyant sur la « main d’œuvre locale » déjà présente sur les lieux.
Dans le même esprit de gain de temps, une société française avait voulu proposer des « moto-ambulances » de premier secours, afin de passer outre la circulation, mais cela n’a – malheureusement pour les victimes – jamais été installé.
La géolocalisation
Lors de l’attaque, la police pourrait localiser les smartphones des personnes alentours avec la technologie IMSI Catcher afin de leur envoyer un message d’alerte par SMS, leur proposant de se mettre à l’abri.
Loin du contraignant « bracelet électronique », les technologies de géolocalisation se sont largement développées avec l’essor des smartphones. Faudrait-il envisager de géolocaliser en permanence toutes les personnes fichées « S » ? Cela pose des soucis de libertés individuelles et doit donc être très bien encadré juridiquement. Nous pourrions ainsi détecter des mouvements suspects et inhabituels ou la rencontre de certains individus suspects entre eux.
La géolocalisation des smartphones de suspects peut déjà être monitorée en permanence, afin de répondre aux questions suivantes : Quels sont les changements de déplacement par rapport à l’habitude ? Quels sont les mouvements anormaux ? Quels sont les rencontres exceptionnelles entre personnes « suivies » par leurs téléphones ?
Ce sont des pistes, des « traces », qui sont laissées par tous les objets connectées utilisés par les personnes sous surveillance.
La géolocalisation des véhicules
Faut-il obliger la possibilité de géolocalisation de l’ensemble des voitures afin de pouvoir repérer (ou même stopper automatiquement) tous les véhicules volés ?
Les technologies d’analyse vidéo automatisée des plaques d’immatriculation permettraient également de contrôler les mouvements de véhicules suspects – selon le principe utilisé à Londres pour le paiement du péage d’accès à la ville.
Le partage d’information entre les forces de police est également indispensable. En Europe, ce n’est sans doute possible qu’avec l’instauration d’un gouvernement politique européen commun et d’un Ministère de l’intérieur européen. Cela viendra dans les prochaines années, vite, je l’espère.
Sans partage de données, comment pouvoir suivre des suspects d’une ville à l’autre, d’un état à l’autre, d’un pays à l’autre ? Le terrorisme est global. Certains des terroristes de l’attentat de Paris du 13 novembre 2015 étaient en Belgique la veille.
L’analyse des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux fournissent également un grand nombre de données à analyser. Les algorithmes savent désormais détecter des comportements, des mots clés ou des échanges suspects.
Le 12 novembre 2015, le compte de « _jacky_boy_ » postait sur Instagram (par amateurisme ou par mythomanie ?) : « Lorsque vous verrez cette photo sur BFM, il sera trop tard ».
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Les technologies pour gérer la situation après le crime
L’arrivée des secours
Certains pays offrent la possibilité aux camions de pompiers et aux forces de police de contrôler à distance tous les feux rouges sur leur chemin, afin de les faire passer au vert systématiquement.
Dans quelques années, l’arrivée des voitures autonomes pourrait faciliter grandement l’arrivée des secours sur place, en envoyant une demande de modification du trajet des voitures situées sur le chemin.
Les crimes sont souvent dus à des récidivistes
Faut-il utiliser des algorithmes pour assister les juges d’application des peines dans leur jugement de la dangerosité des prisonniers à libérer (ou pas) avant le terme de leur condamnation ?
Aux Etats-Unis, cela est déjà possible dans + de 80% des cas, avec l’analyse systématique de 24 données : le dossier du prisonnier, l’âge auquel les crimes ont été commis et cela aurait permis de réduire le taux de récidive de 15%.
Le suivi après la sortie de prison
Faut-il condamner systématiquement toutes les personnes qui sortent de prison à l’enregistrement de leurs données de déplacements, aux seules fins de consultation ultérieures en cas d’enquête. J’entends déjà les cris des garants des libertés et ils ont raison. Mais c’est possible techniquement.
La frontière entre les libertés individuelles et la sécurité est fine, et la technologie permet de déplacer le curseur d’un côté ou de l’autre. La décision sur la position du curseur viendra – je l’espère – de la population elle-même.